De ma fenêtre,
De la neige en hiver,
des feuilles jaunes en automne,
Des chalets norvégiens dont personne ne peut se payer le loyer,
Pas de télésiège sur ce versant de la montagne,
Une route bordée d’automobilistes qui auraient mieux fait de mettre leurs chaînes,
Des mélèzes mis à nus par le vent,
Des passants à qui je tourne le dos quand je me déshabille,
Des courbes dessinées sur les pentes enneigées,
Ces mêmes pentes dégarnies par un hiver trop sec,
Des Parisiens,
Des Marseillais,
Des Niçois,
Des Monégasques,
Et des Hollandais,
Des gens qui n’ont jamais skié,
Des gamins prétentieux qui se rêvent champions,
De vieux champions qui se rêvent heureux,
Des bureaucrates satisfaits d’acheter leur liberté pour une semaine chaque année,
Des habitués qui se plaignent du prix des forfaits,
Des inconscients heureux, skis aux pieds, fuyant la maladie du monde aseptisé,
Des marmottes enterrées,
Des chamois que personne ne voit,
Du bois,
Une brise,
Une rafale,
Le froid,
Un grondement :
Le torrent ;
Un autre grondement :
La foudre ;
Un autre grondement ;
L’avalanche.
L’avalanche qui a fauché mes skis,
L’avalanche qui n’a pas réussi à faucher ma vie.
De ma fenêtre,
Rien que des nuages,
De ma fenêtre,
Rien qu’un voile opaque,
Devant la fenêtre,
Rien qu’une vie qui regarde la montagne et craint de n’y trouver que la mort.
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