À PROPOS de moi
Je marche pendant des heures, et le pire c'est que je me débrouille toujours pour faire des boucles. Quel avenir attend une gamine qui se plaît à tourner en rond ? Je me fixe sans arrêt des objectifs complètement absurdes comme monter au sommet d'une montagne en passant par telle arête, ou skier un couloir parce qu'il est raide, ou dormir dans une cabane où je me pèle, ou escalader de la glace. Bref, j'ai pas mal d'idées à la con.
Sinon comme toute étudiante en cinéma qui se respecte, je voue un culte à Agnès Varda dont le film " Sans toit ni loi " fut la source de ma turbo dépression (dont je me suis plus ou moins débarrassée bien que subsistent les régulières crises existentielles). Néanmoins je suis heureuse parce que maintenant que j'ai pu voir un texte de Laurent Gaudé adapté au théâtre, je considère que je suis prête à mourir à tout moment.
Ceci dit, puisque je vis encore, il faut bien que je m'occupe. Et pour que cela en vaille la peine, il faut que ça soit au moins aussi bien que ce que j'ai vécu avant. J'imagine que c'est pour cette raison que je cherche toujours à voir plus de choses et à affiner mon regard. Ma pratique de la photographie n'est que la conséquence de mon ennui. Navrée les alchimistes, les chasseurs cueilleurs de la beauté, le spirituels, les philosophes rêveurs et les psychanalystes, mais pour moi la photo n'est qu'un passe-temps égoïste.
Je m'appelle Emilie. Et puisqu'il faut bien passer le temps, je m'amuse à faire tout un tas de trucs inutiles. Pour commencer je fais des études en art du spectacle parmi les ploucs en sarouel de la fac. J'écris des nouvelles, des textes et de poèmes que je finis toujours par trouver terriblement mauvais. Je tricote, mais uniquement des écharpes et seulement lors de mes cours sur le cinéma muet. Je lis de manière obsessionnelle des livres appartenant à un même genre sur des périodes d'un ou deux mois puis je ne tourne plus une seule page jusqu'à l'année suivante où j'attaque un autre genre littéraire.