Pas de télésiège sur ce versant de la montagne,
Pas de cigarette ni touriste sans vergogne.
Pas de route non plus, cela va soit.
Et si ça vous met en déroute,
Regardez les étoiles.
Celles que l’on piétine sans broncher
Et qui pavent de blanc les trottoirs désertés.
Les étoiles qui tombent
Quand le ciel d’épais nuages se voile.
Et d’autant qu’ils fascinent
Ces astres qui se mêlent aux mortels,
Moi toute contente je m’émerveille
Quand le lendemain sonne les matines
Sous un parfait soleil.
Pas de tire-fesses.
Ma montagnes ne plaît pas aux tire-au-flancs.
Il arrive qu’on s’y blesse,
Qu’on y laisse son souffle, ses cuisses et ses dents.
Pas de cabane de secouriste,
Ni machine pour lisser les pentes.
Ma montagne est bien moins triste,
Comme elle est toute cabossée
Et pas aseptisée ni prête à la vente.
Chaque hiver c’est une page blanche
Menacée par la pénurie de papier.
On y vient tracer des courbes
Que le dégel aura tôt fait d’effacer.
Elle subit la malchance
D’exister sous un soleil fourbe
Qui l’expose à la nudité.
Car sa peau n’est pas blanche,
Elle est faite d’aspérités.
Ses parois ne sont pas étanches
Et débordent de tous les côtés.
On la soumet à toutes sortes de diagnostics,
Faire de ce roc imperturbable une science.
C’est que l’on craint l’instant fatidique
Où elle aura trompé tous nos sens.
Mais malgré les mesures et les calculs,
On n’échappe ni aux blizzards, ni aux canicules.
Dans un couloir,
Un caillou poursuit sa course,
Et sans le vouloir,
Ou peut-être que si,
Abat la source
De ce que qui a provoqué sa chute.
Il y a peut-être justice,
Non pas que la montagne s’en soucie,
Elle n’ajuste pas ses précipices
Pour les hommes qui arpentent ses voûtes,
Ou peut-être que si.
Et si malgré tous les maux
Qu’elle lui fait endurer,
L’homme persiste à s’y aventurer,
Peut-être qu’en dépit de toute sa vanité,
Pour autant qu’il insiste,
Il ne veut pas tant le dernier mot.
Car s’il n’a de cesse de parler,
C’est ainsi que la montagne parvient à lui plaire,
En sachant de par ses grands silences le faire taire.
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