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Absurde, comme ce poème

goldschmitemilie

Il y a quelque chose qui me froisse,

me chiffonne,

Je ne suis pas sûre d’aimer la vie.

Elle me froisse,

me chiffonne.

J’aime encore moins la mort.

Parce que je ne la connais pas.

Mais je suis sûre qu’elle aplanit.

Ce qui est pire que d’être chiffonné

ou froissé.

C’est bête une vie à se tordre,

se plier,

se retourner,

se froisser.

Tout ça pour finir à plat.

C’est bête une vie.

Et la mort est absurde.

Comme ce poème.

Mon existence aussi.

C’est pour ça que j’écris

Comme tous les autres.

D’ailleurs la plupart sont morts.

Ceux qui ont écrit.

Et ceux qui se sont tus,

Je ne sais pas

Je ne les connais pas.

On les a sûrement recyclés.

Après tout

Rien ne se perd

Rien ne se crée

Tout se recycle.

Sauf les composants des appareils électroniques.

C’est bête parce qu’on en aurait bien besoin.

Enfin si on tient à ce que rien ne change.

Pourquoi on a peur que ça change ?

Pourquoi j’ai peur que ça continue ?

Et si tout s’arrête,

C’est que rien n’a commencé.

Et si il y a la mort,

C’est que la vie n’existe pas,

Pas assez longtemps pour que ça compte.

Une vie dans l’univers,

C’est comme la masse des électrons dans un atome,

On ne la compte même pas tant elle est infime.

Alors quelle est sa charge ?

Positive ou négative ?

La vie n’arrive pas à choisir.

C’est pour ça qu’elle est toute froissée,

A force de se tourner

et de se retourner.

Et à la fin

Elle est neutre.

Alors tout revient à la normale,

Et c’est comme si rien n’avait existé.

J’ai usé ma vie

Parce que j’ai trop pensé

Et j’ai percé trop de secrets.

J’ai abattu le mythe de mon existence,

Celui qui lui donnait un sens.

Alors maintenant j’erre,

Et je me perds.

Parce que je sais que de toute manière,

Il n’y a pas de chemin,

Encore moins de destination,

Et je marche à reculons,

Les yeux fermés.

C’est que j’espère encore oublier,

Faire comme si de rien n’était.

Refaire un tour,

Peut-être un peu moins court

Pour avoir le temps d’un présent.

Et ne plus regretter un passé,

Dans lequel je croyais à un avenir.

Mais ce serait peut-être moins pire

Si le monde s’arrêtait vraiment de tourner.

Si après la fin,

Il n’y avait aucun reste.

Aucun héritage,

Aucune descendance,

Aucune trace.

Le néant.

Pas seulement pour moi mais pour tous les autres.

Notre drame serait commun.

La tragédie de ma vie ne serait plus un mélodrame,

Juste l’apocalypse.

Une bonne fois pour toute

Et tous.

Si mon univers n’est rien

C’est parce qu’il se mêle à une multitude d’autres

Qui existeront encore

Lorsque le mien sera perdu.

Je ne suis pas égoïste.

Pragmatique.

Je décortique la raison de mon drame.

Une tragédie nécessite public.

Seule spectatrice de mon univers,

Je pleure mon monde anonyme.

Tandis que les autres pleurent le leur.

Si l’échéance était la même pour tous,

Nous serions peut-être plus tranquilles.

Et ceux qui pensent perdurer

Au travers de leur descendance,

Oublient que les enfants

Ne sont pas un prolongement de leurs parents.

Et quand viendra leur moment,

Ils pleureront un monde

Dont vous n’avez ni image ni idée.

Songeons-nous seulement

A tous les univers qui s’annihilent

Tandis que nous forgeons naïvement le nôtre,

Persuadés de son indélébilité.

Non.

Nous ne savons pas.

Nous ne voulons pas savoir.

Et puis un jour

C’est mon tour.

Alors vous ne saurez pas.

Mais c’est votre tragédie qui perdure,

Car la mienne n’aura jamais existé.







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© 2023 par Emilie GOLDSCHMIDT

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